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UEFA- Champions League: Comment l’UEFA a pu torpiller la Super Ligue?

Pour contrer la menace d’une Super League, le président de l’instance européenne, Aleksander Ceferin, a été porté par un faisceau d’alliés de circonstance. La menace dissidente est assommée, pas définitivement éteinte.

Quoi de mieux qu’un ennemi commun pour se muer en chef de guerre? Toute la semaine, le président de l’UEFA, Aleksander Ceferin, s’est retrouvé en première ligne pour désamorcer la menace d’une Super Ligue, fomentée par douze clubs parmi les plus riches du continent. Peu connu du grand public, le dirigeant slovène de 53 ans, élu en 2016, a organisé une riposte intraitable, en mobilisant des appuis très au-delà du sport.

Cadré sur le plan juridique, conforté par l’Autorité de la concurrence, le projet dissident aurait sous-estimé la réaction au vitriol de plusieurs Etats. Au Royaume-Uni, Boris Johnson a appuyé fermement la Premier League. Le Premier ministre aurait dépêché son émissaire pour le Golfe persique auprès de Mansour Ben Zayed Al-Nahyan, vice-Premier ministre des Emirats arabes unis et propriétaire de Manchester City. Mardi soir, le champion d’Angleterre a été le premier à revenir en arrière. Les autres dominos anglais n’ont pas tardé à tomber.

UEFA: Une diplomatie à marche forcée

A l’Elysée, l’information a circulé dimanche après-midi. La présidence s’est vite assurée auprès de l’UEFA de l’alignement des fédérations et des ligues avant de réagir énergiquement. Entre Emmanuel Macron et Aleksander Ceferin, les relations étaient pourtant fraîches. En 2019, le chef de l’Etat s’était inquiété de la réforme de la Ligue des champions. Une « ingérence politique » alors condamnée par le Slovène.

Depuis, le gouvernement français a pris le temps d’expliquer ses craintes. Le week-end dernier a fini de rapprocher les positions. Ainsi soutenu, Ceferin s’est autorisé à dénoncer les « serpents » derrière la Super Ligue, en tête le président de l’Association européenne des clubs (ECA), Andrea Agnelli. L’insupportable duplicité de son ami italien a engendré une contre-attaque furieuse.

Pendant les quarante-huit heures qui ont mis le feu au foot européen, l’avocat slovène a profité d’une diplomatie à marche forcée. Ainsi, d’après le Süddeutsche Zeitung, le Kremlin aurait rappelé à Roman Abramovitch, le propriétaire russe de Chelsea, les intérêts du pays auprès de l’UEFA, la compagnie d’Etat Gazprom étant le sponsor principal de la Ligue des champions. Et vendredi, Saint-Pétersbourg a été désigné pour accueillir les matches de l’Euro enlevés à Dublin. On peut aussi imaginer que Nasser Al-Khelaïfi, qui n’a pas embarqué le PSG dans ce fiasco et en ressort avec des lauriers et une nouvelle casquette de président de l’ECA, ne s’est pas positionné sans consulter l’émir du Qatar.

Les ambitions secrètes de Gianni Infantino

Une semaine après ce séisme, huit mutins sont rentrés dans le rang. La Juventus et l’AC Milan restent ambigus, l’Espagne rebelle. Par pragmatisme, pour Joan Laporta, de retour à la tête d’un FC Barcelone surendetté. Par ego et conviction pour Florentino Pérez, tête pensante de ce projet mûri depuis trois ans. Un échec embarrassant qui isole et décrédibilise ce visionnaire du foot business. Réélu président du Real Madrid il y a dix jours, le magnat du BTP nourrirait par ailleurs une certaine rancœur à l’égard du patron de l’UEFA : en 2017 à Cardiff, ce dernier aurait refusé que Mariano Rajoy, alors chef du gouvernement espagnol, monte sur le podium les vainqueurs de la C1.

En janvier, une énième rumeur de scission avait circulé. L’UEFA et la Fifa avaient menacé d’exclure les participants. D’après une source au cœur des jeux de pouvoir, c’est l’instance européenne qui avait poussé en ce sens. Le président de la Fifa, Gianni Infantino, lui, ne serait hostile aux nouveaux formats qu’en apparence. Ne lorgnait-il pas récemment un projet de Super Ligue en Afrique? Vendredi, Le Monde a révélé que le haut dirigeant aurait participé à plusieurs réunions avec les sécessionnistes. Son double jeu interpelle. Certains pensent qu’il se verrait bien à terme dans un rôle de commissionner, c’est‑à-dire en patron d’une ligue fermée à l’américaine.

La future Ligue des champions s’apparent à une usine à gaz

Sa main de fer, Ceferin sait aussi la tendre : sa nouvelle formule de la Ligue des champions, prévue pour 2024, rapporterait aux clubs jusqu’à 7 milliards d’euros, selon Bloomberg – deux fois le montant du prêt de JP Morgan à la Super Ligue (3,5 milliards), dont les projections de croissance semblaient délirantes. L’émergence d’un ennemi commun a fait l’union autour du président de l’UEFA.

L’état de grâce ne durera sans doute pas longtemps. La future C1 s’apparente à une usine à gaz qui enchante les diffuseurs et les propriétaires mais épuise les joueurs et fait horreur aux supporters. Elle est le résultat d’un compromis souillé avant d’être signé. Sans nouveaux garde-fous politiques, les promoteurs de la Super Ligue risquent de remettre un jour un pied dans la porte. Contactés, ils entretiennent le flou sur leurs intentions.

A lire aussi: Football_ UEFA : Reforme de la Ligue des champions, des innovations en preparation

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